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Été 2008, j'avais 19 ans. J'ai traversé les Pyrénées de l'Atlantique à la Méditerranée, en 35 jours d'autonomie sous tente et à travers 3 3000m pour démarrer...


Première traversée des Pyrénées à pied

ou "19 ans face à 40 millions d'années"
(La Trilogie Pyrénéenne volet 1, vers l'est)


Cette aventure m'a permis de me découvrir psychiquement et de découvrir la "vraie vie".
Cette idée de traversée m'est venue alors que j'avais 17 ans. J'éprouvais cette envie, ce besoin de partir à l'aventure, à la découverte de choses nouvelles et authentiques. Je ne savais absolument pas dans quoi je me lançais ; je n'étais alors jamais parti plus de 3 ou 4 jours. J'ai découvert un univers rude, où il fait froid la nuit, où l'eau n'est pas toujours "propre", où le sol n'est jamais plat, ni pour marcher ni pour dormir...
J'ai également découvert l'univers des expéditions, avec toute la préparation, la logistique et l'adaptation que cela demande. Mais cette première aventure m'a surtout permis de me découvrir personnellement, de découvrir mes aspirations et de découvrir la beauté de l'action de l'homme dans son milieu.



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Le 10 août 2008, c'est le premier jour de ma première traversée ; personne ne sait encore que ce sera le premier jour de nombreuses traversées...

La tente est dans le sac tout au long du périple, mais dès qu'il est possible de s'en passer... Résultat, c'est la traversée des nuits les plus insolites. Ici, dans une petite cuisine crasseuse de chasseurs.

Le pays basque ne faillit pas à sa réputation, et malgré deux premières journées plutôt belles, les 4 journées suivantes ne seront que bruine, fortes pluies, et enfin neige...

La cabane d'Orgambide est un vrai salut, après une journée de pluie sur les pistes monotones du chemin de St Jacques...

Au lendemain du 4ème jour de précipitations diverses, après être arrivé au refuge de la Pierre St Martin trempés jusqu'aux os et les doigts gelés par le vent et les chutes de neige, avec Eric nous étions bien décidés à attendre au sec le temps nécessaire à une amélioration : ce fut dès le lendemain ! À partir de là et jusqu'au cirque de Gavarnie, Lucien, rencontré au refuge, nous accompagnera.

Ce jour-là, sur le chemin d'Ansabère, il y eut un premier berger...

...et un second berger. Ce qui donna 2 apéros. Lors de la montée, notre trio croisa un allemand à la jambe ensanglantée par un patou. Le soir même, je vis ma première mésaventure avec les deux patous d'Ansabère : pourtant bien loin du troupeau parqué et des chiens, tandis que je remplis mes gourdes à la fontaine à côté des cabanes, brusquement les patous se mettent à courir vers moi en grognant... Je prends mes jambes à mon cou, et je plonge littéralement dans la cabane ! Lorsque je referme la porte, c'est sur leurs museaux...

Ce troupeau aussi, oblige à un immense détour non dépourvu de risque pour autant... Sacrés patous.

Les 35 jours de cette traversée permettent de prendre le temps, parfois, de sortir la canne à pêche. J'attrape systématiquement des truites, très facile dans les lacs d'altitude. Je les relâche toutes.

Lucien, Eric et moi-même au col des Moines, devant l'Ossau.

Bernard Carrere aussi, fait ses débuts de ravitailleur : au refuge de Pombie, il nous laisse toute la nourriture non-reconditionnée, ce qui fait faire un petit portage de poubelles, heureusement en descente !

Le jour de la jonction du refuge d'Arremoulit au refuge du Marcadau, je décide d'emprunter un autre col qu'Eric et Lucien, un peu plus haut, afin de profiter davantage de la montagne et de saluer le val d'Azun. Les écarts importants de rythme commencent à se creuser, et d'autres séparations viennent... comme le lendemain, le surlendemain...

Alors qu'Eric et Lucien avancent à leur rythme, je leur fausse compagnie et monte au Petit Vignemale avant de recroiser Eric en voiture quelques centaines de mètres au-dessus du village de Gavarnie.

Juste après celui de Gavarnie, le cirque d'Estaubé et ses marmottes très amicales. Durant cette étape solitaire, je souffre d'une fracture de fatigue : ma seule et unique blessure à ce jour pendant un projet. Le lendemain, jour de ravitaillement et de repos à Troumouse, me permet de me réhydrater et de repartir dès le surlendemain.

Durant cette première aventure, peu de logistique est mise en place : seulement quelques ravitaillements nécessaires pour manger et changer quelques vêtements. Quoique, même les habits sont nettoyés dans les rivières...

Tous les soirs, j'écris, je raconte ma traversée méticuleusement, en notant mes réflexions de la journée. Mon journal est publié quelques années plus tard : 19 ans face à 40 millions d'années.

En allant vers le cirque de Barroude, un peintre...

Lorsqu'on traverse les Pyrénées, on est souvent confronté aux routes obligatoires... Lorsqu'il s'agit de kilomètres de nationales avec les "grosses" chaussures de montagne, c'est épuisant : réellement difficile physiquement et l'enfer mentalement.

Moi-même, résolu au-dessus de Biados, sous les Posets et leurs contrastes colorés, en direction de la non moins belle vallée de la Soula.

Dans un des lacs des Gourgs Blancs, je pose avec mes 2 truites sur la même ligne !

Quelques minutes plus tard, le col des Gourgs Blancs franchit, c'est un tout autre univers qui s'ouvre à nous... Équipés des piolets montés la veille par Boris, un de mes amis, nous avons un autre terrain de jeu à appréhender pour quelques jours.

Les 3000 du luchonnais en fond, direction l'Espagne et le toit des Pyrénées.

Le 29 août 2008, avec Eric nous gravissons tous deux pour la première fois l'Aneto et arrivons ainsi à la moitié de la chaine.

En haut de mon 3ème sommet à plus de 3000m durant cette traversée. À partir d'ici, à chaque pas effectué c'est un peu plus de Pyrénées laissées derrière, un peu moins devant. C'est aussi le pays des lacs qui démarre.

Des lacs, des lacs, des lacs...

Eric tombe malade ce jour-là : est-ce dû à l'eau non désinfectée et bu quelques heures avant ? Peut-être une somme de choses additionnées à la fatigue... En tous cas, ce matin, il lui est extrêmement difficile de mettre un pied devant l'autre.

C'est la grande liberté pour moi : quelques jours avant et suite à son infection, Eric a décidé de poursuivre seul, à un rythme plus tranquille. Je file donc à présent à vive allure, à un rythme proche de celui de la traversée qui suivra 4 ans plus tard...

Seul face à la nature.

Du côté de Font-Romeu, en vallée d'Eyne, un vent violent m'empêche de monter ma tente, m'obligeant à me replier dans un abri infesté de poussière et de souris... La nuit est courte.

Le Canigou, et la première vue sur la mer Méditerranée... Arrivée prévue pour après-demain ! Mais pour aujourd'hui, ce sera un très violent orage à suivre...

Les dernières crêtes, magiques, plongeant dans la mer, entre côte Vermeille, costa Brava et vignobles... Dans 4 ans, je ferai demi-tour.