« Mon seul impératif est d’arriver à fêter mon anniversaire le 18 mars chez moi » : avec ses huit chiens de traîneau, Romain Da Fonseca (28 ans) s’est élancé ce samedi 3 février depuis Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) pour une traversée inédite des Pyrénées d’ouest en est, sur 900 km de long et 30.000 mètres de dénivelé cumulé.
« Il va falloir que je gère les chiens dans la ville, c’est le premier gros défi », a déclaré le jeune homme juste avant le départ depuis la plage d’Hendaye. L’aventurier ne rejoindra pas tout de suite la neige.
Il lui faudra d’abord rouler sur la route avec son kart, tiré par les chiens équipés de chaussons pour préserver leurs coussinets, avant d’atteindre 1.000 mètres d’altitude d’ici deux jours et de pouvoir utiliser le traîneau.
212 sommets de plus de 3.000 m d’altitude des Pyrénées
« Le plus compliqué ça n’est pas le kilométrage mais surtout le dénivelé et la technicité. Et notamment les descentes parce que les chiens tirent aussi fort en montée qu’en descente », a expliqué Romain Da Fonseca. Une telle aventure n’avait plus été tentée depuis que l’explorateur Paul-Emile Victor et deux compagnons avaient traversé une partie des Alpes avec six chiens en ralliant le piémont niçois à Chamonix en 1938.
Romain Da Fonseca prépare son projet depuis un an et demi, épluchant les cartes pour trouver le meilleur chemin. Mais « l’itinéraire ne sera pas suivi à la lettre, ce serait sans compter les risques d’avalanches à cause du redoux ou la neige trop verglacée », a-t-il souligné lors d’un entretien avec l’AFP avant son départ.
Romain Da Fonseca connaît bien le parcours qui doit le mener jusqu’à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) : voici dix ans déjà, il a effectué sa première traversée des Pyrénées, à pied et en 35 jours. Rebelote en 2012, en 28 jours et cette fois à travers les principaux sommets de la chaîne de montagnes (Canigou, Aneto, Mont Perdu, Vignemale, Ossau, etc.). En 2014 enfin, celui dont la devise est « la tête dans les étoiles pour garder les pieds sur terre » enchaînera 212 sommets de plus de 3.000 m d’altitude des Pyrénées, en l’espace de seulement trois mois.
« Le plus dur, c’est la gestion de chiens »
Bercé depuis l’enfance par les romans de Jack London et ses rêves de forêts sauvages dans le grand nord, cet habitant de Bun (Hautes-Pyrénées) se frotte à présent à un autre défi, accompagné cette fois de sa meute de chiens: « des ‘Siberian Husky’, une lignée américaine faite pour la course et non la beauté », sourit Romain. « Ils ont tous du caractère mais pas de combat, pas de hiérarchie entre eux, le chef c’est moi », assure le jeune homme.
Pour les préserver durant cette Transpyrénéenne, Romain va les traiter comme des athlètes de haut niveau », en fractionnant leurs repas par exemple. Car « le plus dur, c’est la gestion de chiens. Ils n’auront pas de remplaçants, tout comme moi », explique-t-il.
Outre ses compagnons à quatre pattes, Romain pourra aussi compter sur une équipe d’experts, indispensable à la réussite de son aventure : un routeur météo, un guide de haute montagne également formateur pour les policiers d’élite du RAID, une infirmière, deux vétérinaires, un réalisateur et un photographe pour immortaliser la course…
Sans oublier les trois ravitailleurs qui suivront en permanence Romain et sa meute : « Ma compagne, mon beau-frère et moi. Trois suiveurs, chacun dans son véhicule », explique à l’AFP le père de Romain, Jose Da Fonseca, qui se dit « un peu inquiet », surtout pour les passages en haute-montagne. « On doit retrouver Romain presque tous les jours, sauf s’il bivouaque à cause la météo ».
À charge pour ses proches de transporter toute la logistique. « Il aura un demi-sac sur lui. De quoi survivre en cas de très mauvais temps : nourriture pour les chiens, de quoi réchauffer l’eau, de la paille, et le minimum pour lui ». Plus que la vitesse, Romain veut privilégier la sécurité : « Je n’ai pas de chronomètre, le seul objectif c’est d’arriver dans quelques semaines, avant qu’il n’y ait plus de neige et qu’il fasse trop chaud pour les chiens ».
La rédaction – AFP