Bigorre/Béarn Mag 11/12/17

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Transpyrénéenne 2018, un homme et ses chiens traversent les Pyrénées

 

Inspiré par la nature et les récits de Jack London, Romain Da Fonseca a l’instinct nomade et le goût de l’aventure. Alpiniste et musher, il s’apprête à faire la première tentative de traversée des Pyrénées avec 8 chiens, reliant Hendaye à Banyuls-sur-Mer. Une expérience hivernale en équipe, ouvrant la voie à d’autres projets de ce type.

 

Romain Da Fonseca n’est pas un no- vice. A 25 ans, il avait déjà traversé deux fois les Pyrénées et enchaî- né d’une traite les 212 sommets de plus de 3000 mètres de la chaîne, en hommage à Patrick Berhault… le projet de toute une vie pour certains pyrénéistes. Accompagnateur en montagne et moniteur de voile, il a créé en 2015 avec Frédéric Desbree L’Appel sauvage, pour un tourisme d’aventure au plus près de la na- ture. Aujourd’hui avec ses chiens, le jeune homme af che la même détermination et s’entraîne depuis un an et demi dans un respect im- mense des animaux.. A quelques semaines du grand départ, il répond à nos questions.

 

Bigorre Mag : Pourquoi avez-vous décidé de travailler avec des chiens ?

Romain Da Fonseca : Les chiens de traîneau me plaisent depuis tout pe- tit et j’en avais un peu marre d’être tout le temps dans le rocher ou la glace… j’avais envie de faire de la montagne autrement. Mon voisin, qui est musher, m’a appris à gérer une meute au quotidien. J’ai eu mon premier chiot en 2014, consti- tuant une meute de 8 chiens l’an- née suivante.

 

Qu’apprenez-vous à leur contact ?

J’apprends à y aller coûte que coûte… même quand on est fati- gué, il faut s’occuper des chiens. Ils m’impressionnent : en début de saison, ils parcourent 30 km par jour en traînant un kart assez lourd, passant progressivement à 80 ou 100 km sur des surfaces «roulantes». Ils sont également capables de se re- pérer dans un épais brouillard tout en maintenant leur vitesse. Dans ce cas je me remets à eux, je leur fais totalement con ance. Les chiens m’apprennent l’humilité et la pa- tience, comme la haute montagne.

 

L’attelage est constitué pour la Transpyrénéenne. Vos chiens savent-ils qu’ils vont bientôt partir ?

Oui, bien sûr. Il y a des signes, ils n’attendent que ça ! Ils sont 8 athlètes, 8 huskies de Sibérie, un peu moins puissants que le husky d’Alaska, mais plus intéressants pour la montagne.

 

La traversée sera technique. Comment avez-vous préparé le parcours ?

La connaissance de la chaîne n’est pas suf sante, il ne faut pas voir cette traversée avec l’œil du ran- donneur ou de l’alpiniste, mais avec l’œil du musher… ce qui change tout. Il y a des zones que je connais mais que je suis allé repérer. Je tra- vaille aussi avec les cartes en te- nant compte des contraintes du traîneau, pour éviter les gros dé- vers. La meute sera inchangée du- rant toute la traversée, mais sur de grosses dif cultés techniques, je re- tirerai des chiens pour réduire la puissance.

 

Qu’allez-vous chercher avec cette aventure ?

Je voulais vivre quelque chose avec mes chiens, mais je ne savais pas que ça prendrait cette ampleur. Je veux savoir ce dont ils sont ca- pables de faire en montagne sur ter- rain technique, et prouver que l’on peut vivre une aventure ou mener une exploration dans les Pyrénées, sans avoir besoin d’aller au bout du monde. C’est un test très personnel, un projet très complet.

 

La Transpyrénéenne 2018 est soutenue par plusieurs partenaires privés ou institutionnels, parmi lesquels, l’Of ce de tourisme Grand Tourmalet – Pic du Midi et son directeur Franck Grivel, le Val d’Azun, les villes d’Hendaye et de Banyuls-sur-Mer.

Pour suivre Romain Da Fonseca, rendez-vous sur : https://supertramp-dafonseca.com et les réseaux sociaux.

A retrouver dans une prochaine édition, pour la suite de cette aventure…

 

Sur les traces de Paul-Emile Victor

Du 7 février au 10 mars 1938, Paul-Émile Victor, accompagné de Michel Perez et de Jacques Flotard, traverse le tiers de l’arc alpin, de Saint-Étienne de Tinée (Alpes maritimes) à Chamonix. Un attelage de 6 chiens du Groenland est utilisé et conduit en tandem comme il était de coutume, pour parcourir les 23 étapes souvent très courtes et techniques. « Cette traver- sée de 1938 est la seule expé- rience dont je puisse m’inspirer, rappelle Romain Da Fonseca. L’objectif était alors d’explo- rer les capacités des chiens de traineau en montagne comme moyen de secours ou à but mi- litaire. Le projet fut oublié avec la guerre… ». 80 ans plus tard, Romain s’est appuyé sur des do- cuments d’époque pour monter son expédition : « J’ai également pris contact avec Daphnée, François et Claude, leurs en- fants, qui soutiennent et par- ticipent fortement au projet ».

 

La Transpyrénéenne : l’équipe

Autour de Romain da Fonseca, c’est toute une équipe qui prépare l’expédition : pour la logistique, « une aventure dans l’aventure », on retrouve Bernard Carrère, son oncle, Natali Julien et José Da Fonseca, ses parents : « Disponibles 7j/7 et 24h/24, nous commu- niquerons via des téléphones par satellite ».

Pour l’équipe terrain, Didier Angelloz est guide de haute montagne et formateur au RAID. Par amitié pour Romain, il lui donnera « un coup de main sur des zones de haute montagne. C’est quelqu’un d’hy- per ef cace, qui va très vite et maîtrise parfaitement le sujet ». Rencontré il y a peu, Guillaume Michaeli est alpiniste amateur : « Monter un projet il sait ce que c’est, et il avait envie d’être là ». On re- trouve également Frédéric Cabot, nivologue chez Météo France : « Frédéric est capable de prévoir la qualité de neige au vallon près, pour évaluer précisément notre progression ». Interviendra enfin Maxime Charrouin, vétérinaire.

Au ravitaillement « des chiens et des humains », Sylvie et Didier Cartron. Jean Goussebayle, mu- sher et ami de Romain, « viendra m’aider à Hendaye et Banyuls, pour mener l’attelage sur 10 km, en plein centre-ville ».

« Si on ne partage pas cette aventure, ça ne servira à rien… si ce n’est nous faire plaisir sur le moment », af rme Romain. Le jeune homme s’est donc entouré d’artistes, pour témoigner de son expé- rience. Bertrand Delapierre réalisera un film destiné à une chaîne TV majeure : « Bertrand nous suivra à ski. Il est le meilleur réalisateur de lms montagne de sa génération ; non seulement il a l’œil, mais il n’hésite pas à se suspendre dans le vide pour filmer… ». Photographe et éditeur, Francis Annet photographie les Pyrénées depuis 50 ans : « Il me rejoindra régulièrement avec le projet de faire un beau-livre mêlant les photographies, le récit et le premier topo d’une traversée avec des chiens ». Enfin, Claire Benoit, artiste polyvalente et professeure de chant, a déjà écrit une chanson et interviendra dans le cadre de projets pédagogiques auprès des jeunes.

 

« Une traversée des Pyrénées, avec une progression de marin »

Sur une distance estimée de 900 kilomètres avec 30000 mètres de dénivelé cumu- lés, les compagnons à quatre pattes de Romain Da Fonseca vont tirer 2 engins suivant les conditions et les terrains (traineau pour la neige et kart à roues pour les por- tions hors neige) : « C’est une activité nordique qui va se confronter aux aléas et aux risques de la haute montagne, l’idée étant de faire une traversée qui soit accessible à d’autres, pré- cise Romain. J’espère faire le maximum en traineau, mais nous allons rencontrer des terrains et des surfaces variés, avec des dif cultés techniques et une progres- sion de marin… ». La durée de la traversée est estimée à un mois, sans chrono ni notion de record.