La Dépêche du Midi 22 oct. 2017

Romain Da FonsecaDerniers articles presse et médias

La première traversée des Pyrénées avec des chiens de traîneau, voilà le défi sportif que va tenter de réaliser le Haut-Pyrénéen Romain Da Fonseca en février/mars 2018. Soit 80 ans après la TransAlpes de 1938 effectuée par le célèbre explorateur Paul-émile Victor, avec ses amis Michel Perez et Jacques Flottard. C’est la seule trace d’un projet similaire, à savoir une traversée de haute montagne avec des chiens de traîneau. En moins d’un mois, Paul-émile Victor et ses deux amis avaient rallié Saint-étienne-de-Tinée à Chamonix avec un attelage de 6 chiens. L’expédition, qui avait franchi une douzaine de cols à plus de 2 500 m avait pour but de démontrer à l’armée qu’un attelage pouvait passer partout en portant du ravitaillement en zone de montagne. Ce fut une réussite vite oubliée avec le début de la guerre. Les familles des héros de 1938 soutiennent la tentative de Transpyrénéenne de 2018.

 

L’aventure à côté de chez soi

 

Romain Da Fonseca, accompagnateur en montagne installé à Bun, a déjà effectué trois traversées des Pyrénées, dont la dernière en 2014, où il a gravi les 212 sommets de plus de 3 000 m de la chaîne. Un peu comme Voltaire, Romain cultive son jardin, les Pyrénées. Il aurait pu tracer dans le grand nord canadien, en Sibérie ou pour une autre destination lointaine mais il estime que l’aventure peut se vivre à côté de chez soi. «C’est une première mondiale. Ce n’est pas une course mais cela relève quand même du défi sportif et de l’exploration». Jugez plutôt, de la plage d’Hendaye, où sera donné le départ, à celle de Banyuls, lieu de l’arrivée, le périple représente une distance de 900 km pour 30 000 mètres de dénivelé (plus de 3 Everest). 900 km, c’est plus de la moitié de la plus longue course au monde — l’Iditarod, en Alaska — en chiens de traîneau. «Les grandes courses s’effectuent dans un environnement nordique, sur des secteurs plats. Là, on sera en terrains accidentés, variés et techniques avec des passages de cols de haute montagne à 3 000 m et des conditions de neiges changeantes ou pas de neige du tout. Les chiens, ils tirent aussi fort en descente qu’en montée. Certaines descentes peuvent se révéler dangereuses». Sur les portions sans neige, Romain troquera son traîneau pour un kart.

 

Le montagnard et son équipe ont imaginé un itinéraire inédit, appelé, ils l’espèrent, à devenir une classique. Le tracé musarde beaucoup versant espagnol car les réserves et parcs naturels français n’acceptent pas les chiens. «J’aurais pu demander une dérogation, mais l’idée, c’est que d’autres mushers réitèrent cette traversée». Après de multiples repérages sur le terrain, 17 étapes — les plus courtes font entre 35 et 40 km, en haute montagne, et les plus longues entre 60 et 80 km — ont été cochées sur la carte. Il s’agit d’une base, afin de mieux gérer notamment les bivouacs et les points de rencontre, de ravitaillement avec l’équipe logistique. «Je sais pertinemment que les étapes ne seront pas respectées. Je vais avancer comme un marin, de nuit comme de jour, en fonction des conditions météorologiques, nivologiques et du rythme des chiens». Luigi, Mars, Mi’kmaq, Pirate, Littel big man, Luna, Jack et Jolène, c’est la même meute de 8 huskies de Sibérie qui effectuera la totalité de la traversée.Tous ne seront pas forcément alignés partout. Les portions les plus techniques se franchiront avec plus d’aisance en diminuant l’attelage. «Les chiens ne savent pas ce qui les attend». Romain a planifié, jusqu’en janvier un programme précis d’entraînement de ses chiens. Le musher-alpiniste s’entraîne au même rythme que sa meute afin de relever ce double défi de montagne.

 

On pourra suivre le périple en direct

 

Romain Da Fonseca partagera son aventure de plusieurs manières. Sur le site supertramp-dafonseca.com, on peut d’ores et déjà découvrir la préparation de l’expédition. Ensuite, grâce à un tracker installé dans le traîneau, on pourra suivre en direct sa progression sur Google earth. Outre le site web, une page Facebook est créée.

 

Le réalisateur Bertrand Delapierre fera un film-documentaire de la traversée. Romain s’associera au photographe Francis Annet pour sortir un beau livre de montagne en forme d’album photos raconté et agrémenté d’un topo-guide.

 

Thierry Jouve