D’Hendaye à Banyuls 900km en traîneau à chiens
Le musher-alpiniste haut-pyrénéen Romain Da Fonseca va entamer la première traversée des Pyrénées avec des chiens de traîneau, le samedi 3 février, sur la plage d’Hendaye. Il poursuit sa préparation avec sa meute. Reportage en Val d’Azun.
Une langue de neige, un rien verglacée, résiste au départ des pistes de Couraduque. Ce mardi matin, l’ambiance est plutôt printanière dans la station du Val d’Azun, fermée suite à la météo capricieuse de ces derniers jours : pluie et redoux. «J’ai l’impression d’être en octobre avec mes chiens. Maintenant, dans les Pyrénées, ça peut changer vite et, en deux jours, on peut avoir de grosses quantités de neige.» Romain Da Fonseca, accompagnateur en montagne installé à Bun, s’entraîne avec sa meute sur les pistes vierges de neige de l’espace nordique. Il est dans la dernière ligne droite de sa préparation pour relever le défi sportif qu’il s’est fixé : à savoir effectuer la première traversée des Pyrénées avec des chiens de traîneau. Le départ sera donné le samedi 3 février, vers 10 heures, depuis la plage d’Hendaye. Le périple devrait durer environ un mois. Début mars donc, Romain et ses chiens devraient fouler une autre plage, celle de Banyuls, en guise d’arrivée de leur aventure. Ce voyage en Pyrénées représente une distance de 900 km pour 30.000 m de dénivelé (plus de 3 Everest). Passé le col d’Ibardin, l’itinéraire chemine essentiellement versant espagnol car les parcs naturels et réserves français ne tolèrent pas les chiens. Romain a couché 17 étapes sur le papier, mais il sait qu’il ne va pas forcément les respecter. Et avancer, comme un marin, de nuit comme de jour, en fonction des conditions météo et d’enneigement.
«Comme aujourd’hui à Couraduque, je pense que je vais effectuer les 2, 3 premiers jours en kart.» En effet, en fonction des conditions d’enneigement, Romain progressera soit en traîneau, soit en kart. «Sur certaines étapes, je sais que je vais passer, à certains endroits, sur des cailloux en traîneau et sur de la neige avec le kart». Romain et l’équipe logistique qui le suivra devront s’adapter à ces conditions changeantes. La communication entre lui et le groupe sera primordiale. Frédéric Cabot, nivologue à MétéoFrance et auteur de topo-guides de ski de randonnée, sera le routeur météo de Romain.
Le traîneau équipé de couteaux à neige
Côté matériel, le musher-alpiniste prépare ses deux véhicules un peu à l’instar d’un skieur de randonnée. «On est en train de fabriquer des couteaux à neige pour équiper le traîneau. S’agissant du kart, j’ai aussi un jeu de roues cloutées.»
La difficulté de la traversée, c’est qu’elle ne s’effectue pas sur un terrain plat mais en haute montagne sur des secteurs accidentés, variés et techniques avec des passages de cols à 3.000 m. «Je n’ai pas d’interrogations sur les chiens, mais il faudra être vigilant dans les descentes, les dévers. On peut notamment rencontrer des cols verglacés, peu difficiles à passer à pied, mais très compliqués à franchir en traîneau».
D’où l’importance de la préparation et de la coordination avec l’équipe logistique. Romain et ses chiens s’entraînent tous les jours, matin et soir. «On effectue entre 40 et 80 km, avec environ 1.500 m de dénivelé par jour… Depuis septembre, les chiens totalisent 2.000 km d’entraînement. Ils sont jeunes mais ce sont de bons chiens avec un excellent mental.» Le mental, une donnée primordiale à toute expédition de ce type. Romain le sait. Même si ce défi relève de la première, il s’agira de sa quatrième traversée des Pyrénées.
Sur le site supertramp-dafonseca.com, on pourra suivre l’expédition en temps réel.